« Attends, faut trop que je te raconte … »

Je raffole quand on commence une phrase de cette façon … Je sens que je vais apprendre une nouvelle inédite, surprenante, croustillante !!! Sans doute quelque chose à propos d’une connaissance commune… ou peut-être quelque chose en avant-première !

J’arrête instantanément le cours de mes pensées pour me concentrer entièrement à l’écoute de la suite. Mon amie Léa me raconte donc les mésaventures d’Aurélie, notre voisine commune. Je bois ses paroles et je suis pressée de connaitre la suite. J’écoute sans relâche Léa qui continue de parler avec enthousiasme. Elle me rapporte tous les détails et y ajoute ses critiques personnelles, que je déglutis aussi rapidement que le jus 4 agrumes de grand frais.

Plus je l’écoute, plus l’affection que j’éprouvais pour Aurélie diminue. On s’entend bien toutes les 2 mais là, avec tout ce que j’apprends, je vais m’en méfier, peut-être même l’éviter…

Notre entretien s’achève. Je rentre chez moi, un peu déroutée par ce que je viens d’apprendre.

Je croise le concierge de l’immeuble à qui je ne peux m’empêcher de raconter ce que je viens d’entendre ; après tout, ce qui s’est passé l’intéressera aussi.

Le soir arrive et je fais le bilan de ma journée : je n’ai pas fait beaucoup de place à l’Esprit Saint aujourd’hui ! Mon cœur était trop occupé ; d’une part à écouter les paroles du rapporteur, puis à les méditer. Ensuite devenir moi-même rapporteur, et enfin, entretenir ces paroles toute la journée. De plus, j’ai transformé l’affection que j’avais pour une âme en méfiance… Rien ne m’a édifié, et je n’ai été d’une aide pour personne. Une journée de perdue … Je m’arrête un instant pour réfléchir à tout ça.

La médisance, c’est tenir sur quelqu’un des propos malveillants mais qui ne sont pas mensongers.

La Bible nous met en garde à plusieurs reprises concernant cette action :

  • Déjà en Lévitique 19. 16, l’Eternel s’adresse à son peuple : « Tu n’iras point çà et là médisant parmi ton peuple ».
  • En Jacques 4. 11, nous trouvons « ne parlez pas l’un contre l’autre, frères ».
  • Puis l’apôtre Paul craindra qu’à son retour chez les Corinthiens, il les trouve médisants (2 Cor 12. 20).
  • Le livre des Proverbes est aussi source de conseils et de mise en garde : « Les paroles du rapporteur sont comme des friandises, et elles descendent jusqu’au-dedans des entrailles » chp 18. 8 et 26. 22.

N’oublions pas que certes si les friandises sont délicieuses, elles ne nourrissent pas, abiment les dents, sont mauvaises pour le corps et deviennent addictives. Plus mon oreille est habituée à écouter les paroles du rapporteur, plus ma conscience de faire mal diminue, plus j’aime les écouter et plus je rapporte aussi. Cela devient une habitude et je ne vois pas où est le mal vu que nos échanges sont vrais (à la différence de la calomnie, qui elle est le fait de rapporter des choses fausses ; elle est sévèrement jugée dans la Parole). Mais même si c’est la vérité, je ne pense pas que quelqu’un ait envie que tout le monde sache ses peurs, ses faiblesses, ses chutes etc… sauf si c’est lui-même qui livre ses secrets en choisissant son interlocuteur. Il ne nous appartient pas de conter les erreurs ou maladresses des autres. La tentation est grande de rajouter quelques détails supposés ou encore, des remarques négatives concernant la personne elle-même. Je ne recherche pas l’amour en agissant ainsi.

Rapporter ou écouter les paroles du rapporteur ne fait pas de bien à ma vie spirituelle, et occupe dans mes pensées trop de place. On a malheureusement + de choses à dire sur les gens que d’expériences récentes faites avec le Seigneur ou que de partage biblique… Que nos pensées puissent être dédiées à Celui qui a donné Sa vie pour nous, et la médisance n’aura plus de place.

Dans une discussion, il y a 2 personnes : Léa rapporte, et moi, j’écoute attentivement. A aucun moment je ne stoppe la discussion ; bien au contraire, je l’alimente. Et cela me rend autant coupable que le rapporteur lui-même. « … Mets un couteau à ta gorge si tu es gourmand. Ne désire pas ses friandises, car c’est un pain trompeur » Prov 23. 2.

Souvent on se donne bonne conscience, et on se dit que l’autre est bien mauvais de médire de cette façon… C’est mal et on le sait :

« Moi ? JAMAIS je dirais de telles choses sur quelqu’un, non jamais ! »

Mais on se plait à les écouter, on pose des questions, on alimente le feu de la discussion. Bon ben à toutes ces personnes dont je fais partie, je crois que nous sommes également sur le mauvais chemin et c’est tout aussi mauvais que d’être médisant.

Alors… de quoi on va parler ???

On l’a dit plus haut … d’une expérience faite avec Dieu, d’un passage biblique interpellant ou mal compris, d’un sujet de prière (bon, pas forcément pour Aurélie et ses problèmes récents car, si on veut bien faire, faudrait pas les raconter), de ce que nous vivons en ce moment, de nos activités quotidiennes, de nos projets, de la pluie et du beau temps (seulement si on ne s’en plaint pas ahahh), etc…

Parfois on a cette impression que ça va nous faire du bien de se « décharger » en rapportant des situations, on croit avoir besoin de le dire à quelqu’un pour en être libéré. On croit que ça nous soulage ; je n’en suis pas sûre. La Bible suggère plutôt d’aller parler directement à la personne plutôt que de passer par un tiers. C’est vrai que dans certaines situations, on a besoin d’un avis et demander à quelqu’un de confiance et de bienveillant peut-être utile, parfois même indispensable.

Chaque cas est unique et mérite un temps avec Dieu pour savoir comment il faut agir sagement.

A mon avis, si la Bible nous met en garde aussi régulièrement contre la médisance, c’est parce que c’est notre tendance naturelle et il faut la combattre ; elle n’honore pas notre Dieu. Elle offense non seulement la personne contre qui nous parlons mais aussi Dieu.

Reste à savoir… : Quand est ce que je médis ? A vos réflexions…

Une partie des miennes sont les suivantes :

  • Question de motivation : qu’est ce qui anime mon cœur pour que je sois amené à rapporter ? Est-ce pour faire du mal à l’autre ? Est-ce pour me sentir meilleur que l’autre ? Ou est-ce pour avoir des conseils sages car je ne sais comment me sortir de cette situation ?
  • Suis-je capable de dire ce que je vais dire en présence de la personne sur qui je vais parler ?
  • Est-ce que ce que je vais dire va nous faire grandir spirituellement ?
  • Se garder un cœur bienveillant. Nous y occuper quotidiennement ; si le Saint Esprit occupe notre cœur et nos pensées, il ne nous viendra même pas à l’idée de médire.

Pour finir, un verset en Jacques 3. 2 : « si quelqu’un ne faillit pas en paroles, celui –là est un homme parfait, capable aussi de tenir tout le corps en bride »

PS : Attention, je n’ai pas dit qu’il ne fallait plus manger de bonbons…

Tabitha Cuzin.

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