Interview de Carolina
– D’où est venue cette idée du club d’enfants?
– Avec mon mari, Stéphane, on avait depuis un moment l’envie de faire quelque chose avec et pour les enfants, et c’est sa sœur qui avait commencé un Club Bonne Nouvelle et qui nous en a parlé.
– Comment l’avez vous mis en place?
– J’ai petit à petit appris à connaître les gens du village. Je discutais beaucoup à la sortie de l’école, et j’ai commencé à proposer personnellement aux mamans. On a toujours été clairs sur le fait que c‘était un club pour découvrir la Bible. On a aussi dit aux parents qu’ils pouvaient rester pour écouter. La première année, on a eu 3 mamans qui sont venues avec leurs enfants, à chaque club, et qui ont tout écouté, c’était super. Maintenant les parents ne viennent plus, d’un côté c’est un peu dommage car ils n’entendent pas l’histoire de la Bible, mais d’un autre côté ça montre qu’ils nous font confiance.
– Est-ce que ça a tout de suite marché?
Je suis désolée mais je ne me souviens plus du 1er club ! Mais oui, très vite nous avons eu plusieurs enfants car c’était des fratries de 3 ou 4, donc il suffisait d’une ou deux familles pour que ça fasse déjà un grand groupe ! Par contre on a aussi eu plusieurs adultes qui m’ont dit au début : « Ah génial, c’est une super idée, tiens nous au courant des dates ! » et qui n’ont jamais répondu à mes messages et qui ne sont jamais venus…
– Comment créez-vous le contenu d’une séance?
– On se base sur le matériel que met à disposition l’AEE (Association Evangile et Enfance). Ils proposent un thème par année, comme ça chaque lecture a un fil conducteur, séances après séances. Ils donnent aussi des idées d’activités manuelles, de jeux en extérieur, de théâtralisations… Certaines années on a pris tout ce qu’ils proposaient, et des fois on a fait un peu plus à notre sauce. On a aussi rajouté un moment d’accueil, parce que parfois les enfants ne se connaissent pas tous, ou bien se connaissent mais se disputent à l’école.
– Comment se déroule un club?
– Vers 15h les enfants arrivent et on leur donne leur badge avec leur nom. Quand tout le monde est là on commence par de la gym (en classe je faisais un peu de gym avec mes élèves, donc j’ai reproduit la même chose), mais ça marche bien surtout avec les petits, car plus ils sont grands et moins ils se sentent à l’aise pour gesticuler ! Après il y a un moment de cuisine, car nous avons décidé de faire faire aux enfants leur goûter. Ensuite il y a l’histoire biblique, qui est toujours introduite par une marionnette, qui est devenue la mascotte du club : Madame Soufflé raconte une petite anecdote qui permet de faire le lien entre le quotidien des enfants et la scène biblique. Une fois l’histoire terminée, les enfants doivent la synthétiser grâce à un petit livret dans lequel il y a des images et des phrases à trous, par exemple. Puis, tout le monde dehors ! On fait des grands jeux d’extérieur, (on est d’ailleurs reconnaissants, car en 6 ans de club à Rouen on n’a jamais eu de pluie au point d’être bloqués à l’intérieur tout l’aprèm) et on essaye que les jeux aient un rapport avec le thème étudié. On déguste notre goûter, puis il y a un petit temps de jeux libres avant que les parents arrivent, vers 18h.
– Quel est le plus grand nombre d’enfant que vous ayez eus en une séance?
Je crois que la fois où l’on a eu le plus d’enfants, on en avait 24 ou 25. C’était mémorable parce qu’on avait beaucoup de petits avec une activité manuelle plus compliquée de ce que l’on pensait ! (D’ailleurs, maintenant on fait plus des jeux que des activités manuelles parce que leur préparation nous demandait beaucoup trop de temps).
– Y a-t-il des règles spéciales pour le club?
– Nous avions conscience qu’il fallait un cadre pour que les clubs se déroulent bien. Au début on en a peut-être mis trop, et finalement on s’est dit qu’il en fallait très peu, qu’elles soient courtes et claires. Et pour être sûrs qu’ils retiennent les règles, à chaque début de club c’est eux qui doivent les citer. Il y a en 3 :
- On n’a pas le droit de se faire du mal, ni avec nos gestes, ni avec nos paroles.
- On doit écouter l’histoire attentivement, sans faire éclater la bulle. Je m’explique ! On s’assoit dans une pièce dédiée à l’histoire (ce n’est pas le même endroit que là où on goute/joue/cuisine…) et on leur fait imaginer qu’on est dans une bulle qui éclate si quelqu’un se lève pour quitter la pièce.
- On doit participer aux activités proposées. On n’avait pas cette règle au début mais on a dû la rajouter suite à une mauvaise expérience où lors d’un club plusieurs enfants avaient trouvé des jouets et s’étaient mis à jouer, résultat on avait perdu plus de la moitié des enfants! Donc depuis, on fait en sorte de ranger et cacher tous les jouets avant qu’ils n’arrivent.
– Quel est l’âge minimum pour le club?
– Cela nous est arrivé d’avoir des très jeunes quand les parents nous laissaient les petits frères et petites sœurs, mais en général on ne prend pas avant 3 ans. En gros la tranche d’âge couvre la maternelle et la primaire.
– Avez vous déjà eu besoin de faire de la discipline?
– La question de la discipline est délicate, car ce ne sont pas nos enfants, et puis on a envie qu’ils reviennent la prochaine fois, donc on ne veut pas être trop sévère, et pourtant des fois il a fallu interdire ceci, arrêter cela… Le plus difficile c’est de témoigner de l’amour même quand on doit les recadrer. Et oui, on a dû le faire. Surtout pendant une période où on avait des enfants très turbulents.
– Vous êtes dans la dernière année du cycle proposé par l’AEE, que pensez-vous faire l’année prochaine?
Dans la continuité du Club Bonne Nouvelle, l’AEE a créé le Club Junior qui accompagne les ados au collège. Mais on ne se sent pas trop de faire avec les ados qu’on connait car on sait qu’il y en a qui ne s’aiment pas, et dont les parents ne s’aiment pas non plus, et ça peut être compliqué de mettre ensemble dans un groupe des jeunes qui habituellement se disputent. Par contre il y en a plusieurs que nous avons eu des années au club, qui ne seront plus en âge de venir, mais qui veulent revenir pour nous aider! Certains le font déjà et c’est super, ça veut dire qu’ils se sentent bien chez nous, et je suis contente qu’ils prennent leurs responsabilités, qu’ils aident les plus jeunes… Et ça nous décharge vraiment car on a toujours besoin de quelqu’un qui aide un petit à enlever son manteau, à se laver les mains, à mettre ses chaussures, à écrire sur le livret… Et puis ça veut dire qu’ils vont à nouveau entendre les histoires, et que Dieu peut continuer à travailler leur cœur par ce biais là! Avec Stéphane on pense plutôt recommencer le Club Bonne Nouvelle depuis le début, maintenant qu’on a déjà préparé chaque séance, ça nous fera du travail en moins!
– Toi tu fais ça avec ton mari, que peux tu nous dire sur le service en couple?
Au début, c’était surtout moi qui préparais le club et j’y consacrais une énergie folle (dans mes pensées, mes recherches, mes nuits… ), je voulais prévoir tous les détails et faire quelque chose d’un peu sensationnel! Steph a commencé à préparer avec moi et cela m’a énormément déchargée et je me suis rendue compte qu’il n’y avait pas du tout besoin de me prendre la tête avec autant de détails! Je suis très reconnaissante de pouvoir faire ce travail avec lui. Stéphane a un esprit très synthétique (super pour voir les points clefs de l’histoire biblique et la rendre compréhensible pour des enfants). Il a facilement des idées de jeux avec pas mal d’imaginaire, ce qui attire beaucoup les enfants. Il s’occupe de faire les livrets résumant l’histoire pour chaque club. Moi, je gère plus la déco, la communication avec les parents, la cuisine, la gym, les sketchs. La semaine précédant le club, on étudie tous les deux, séparément, le passage biblique que l’on traitera. On peut en discuter ensemble, cela nous fait beaucoup de bien. On se complète et c’est une richesse. En se répartissant le travail selon nos dons, on est plus efficace. En plus, c’est une occasion pour prier ensemble. Les vendredis soirs avant le club, on répète les sketchs, l’histoire, on fait du découpage, du collage, et on prie. Je trouve que c’est vraiment super de servir en couple. Bon, les matins du club ne sont pas les moments les plus simples parce que nos enfants sentent qu’on n’est pas hyper dispo et on est stressé ; mais maintenant que les deux premiers sont grands (9 et 5 ans) ils commencent à participer dans la préparation et ça c’est chouette ! Après le club, on ressent une grande joie partagée en famille.
– Un conseil à quelqu’un qui voudrait commencer un Club Bonne Nouvelle chez lui?
En parler dans votre assemblée locale pour qu’ils prient pour vous. Dans notre église, plusieurs nous demandent des nouvelles, nous avons aussi pu partager ce service avec certains de nos frères et sœurs qui viennent donner un coup de main. (Il y a aussi quelques parents qui nous amènent leurs enfants au club, et je trouve ça très bien, entre autre pour que nos enfants apprennent tôt à « mixer » leurs cercles d’amitié, puisque leurs amis d’école sont en contact avec leurs amis d’église.) Nous avons même été soutenus financièrement au tout début quand on a acheté du matos exprès (des petites chaises et petites tables, plein de stylos, ciseaux, tubes de colle etc…)
Et puis quand on a commencé, notre première, Anah, était bébé ; et ma belle-sœur m’avait conseillé d’avoir quelqu’un présent spécialement pour s’occuper d’elle. Il ne faut d’ailleurs pas commencer seul, mais prévoir d’être au moins deux adultes, même s’il y a peu d’enfants.